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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
nistration fiscale de l'État. C'est une sorte de teneur de
livres comme l'indique très-exactement son ancienne qua–
lification de
defterdar
(1).
Les divers ministères s'abstien–
nent de justifier vis-à-vis de lui l'emploi des crédits al–
loués. Quelques-uns émetent sans son concours des
ser-
ghis
qui sont, à vrai dire, des bons de caisse. D'autres ont
des recettes spéciales dont ils disposent sans en rendre un
compte rigoureux.
Quand l'arbitraire et la confusion sont passés à ce point
dans les habitudes de l'autorité supérieure, on ne saurait
s'étonner des fraudes de toutes sortes qui se commettent
en province à l'occasion de la répartition des impôts et de
leur perception (2). Ce point est capital. L'on a vu qu'a–
près la promulgation de la charte de Gulkhané de 1839,
la ferme ou
Ylltizam
avait été abolie et qu'en ce qui les
concernait, les communautés non musulmanes s'étaient
trouvées investies du droit de recueillir elles-mêmes le
kharadj
ou la taxe d'exonération du service militaire. En
1841,
le ministère réformateur de Reschid-pacha ayant
dû se retirer, l'on avait rétabli le système des fermiers. La
Porte persista dans ces errements même après le
Halli-
Humayoun
de 1856 qui les avait formellement proscrits. Les
douanes et le tabac furent, il est vrai, mis en régie (3) et
(1)
De
défier,
registre.
(2)
Les trois principales sources de revenus en Turquie sont le
vergu,
sorte
A'incotne tax
proportionnelle prélevée sur la fortune de
tout contribuable, la taxe de rachat militaire et la dime.
Les revenus divers proviennent notamment des douanes, du tabac,
de la pèche, des boissons, des forêts, des mines, des salines, des
porcs et moutons, des fermes impériales, du
tapou,
du papier tim–
bré, etc.
(3)
Le monopole du tabac ne fut établi qu'à Constantinoplc et dans
sa banlieue.
Fonds A.R.A.M