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LA TURQUE ET LE TANZIMAT.
montagnes d'Asie la plus modeste concession. Si les grandes
mines domaniales d'Héraclée, de Tokat, d'Anghana, de
Moaden étaient cédées à des compagnies particulières, elles
produiraient des revenus incomparablement supérieurs à
ceux qu'en retire l'État.
Il en est de même des fermes, prairies, terres arables de
diverse nature qui font partie du domaine impérial et qui
pour la plupart restent en friche ou sont livrées à la vaine
pâture. Il conviendrait de vendre les unes et de mettre les
autres en régie.
Ainsi que je m'en suis expliqué dans la première partie
de cet écrit (1), ce sont surtout les lois foncières qui exi–
gent une prompte et complète révision. Conçoit-on qu'elles
puissent plus longtemps inféoder à l'État et aux mosquées
les trois quarts du sol ottoman et que le paysan soit privé
des droits inhérents à la chose qu'il exploite? La transfor–
mation du régime de la propriété est incontestablement
l'une des plus grandes difficultés que soulève le
Tanzi-
mât ;
mais il y a un intérêt majeur à ce qu'elle soit tran–
chée d'après les principes consacrés par les législations
modernes.
Les douanes intérieures contribuent aussi à paralyser la
production indigène. Par les droits dont elles frappent l'in–
dustrie locale, elles semblent avoir été inventées pour fa–
voriser la concurrence des produits similaires étrangers (2).
(1)
i, 205.
(2)
Des blés sont transportés de Brousse à Constantinople; l a
douane les charge à l'entrée dans la capitale d'un droit de 8 0 / 0 .
Convertis efî farine à Constantinople, la même denrée supportera, en
tant que produit manufacturé, un nouveau droit de 8 0/0, si on la
réimporte au lieu de production.
Fonds A.R.A.M