L A T U R Q U I E E T L E T A N Z I M A T .
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Le gouvernement devrait donc accueillir, provoquer
même les offres qui auraient pour objet la création de
routes carossables, de canaux, la correction des grands
cours d'eau, à condition que le Trésor n'aurait pas à en
faire les frais. Ces entreprises seraient exécutées par voie
de concession et non, comme par le passé, sur l'ordre et
sous la direction des autorités provinciales. Car non-seule–
ment les
prestations
coûtent en général très cher aux com–
munes et valent de gros bénéfices aux gouverneurs, mais
leurs résultats sont plus que contestables. Bien minime est
la somme kilométrique de travail ainsi accompli et d'ail–
leurs de tels procédés qui appartiennent à une autre âge,
sont aussi vexatoires que la
corvée.
Dans cet ordre de changements, et ce détail a son im–
portance en Turquie, n'y aurait-il pas profit à modifier
dans un sens plus libéral la loi qui régit les mines et les
minières (1)? Cette loi est à ce point méticuleuse et sévère,
elle édicté des redevances tellement lourdes qu'aucun ca–
pitaliste étranger n'a jamais sérieusement songé à briguer
dans les provinces européennes et encore moins dans les
Bagdad en la même année, Ibrahim pacha d'Egypte en 1746, Ali bey
d'Egypte en 1766, Pasvan Oglou de Viddin en 1822, et d'autres en–
core ont été en révolte ouverte contre l'autorité impériale.
Il est vraisemblable que si, dans la période déjà longue de ses essais
de rénovation, le gouvernement turc avait disposé d'un système
moins imparfait de viabilité et de circulation, son activité intermit–
tente eût été moins stérile, car il aurait été plus obéi. N'a-t-il pas
cherché plus d'une fois, par l'envoi de commissaires extraordinaires,
à suppléer à l'insuffisance des moyens ordinaires de surveillance et
d'information.
(1)
Loi sur les mines de 1868, rédigée par un ingénieur français,
mais mutilée étrangement par l'administration ottomane.
V. Nicolaidés, III, 257.
Fonds A.R.A.M