LA TURQUIE ET LE TAN'ZUIAT
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réalisation plus facile et d'une nécessité plus évidente. Ce
(
jui manquait aux inférieurs devait en effet se retrouver
et au-delà chez les hauts dignitaires dont les traitements
dépassaient toute proportion raisonnable. Cette inégalité
dans la rémunération des fonctionnaires actifs ne paraissait
pas moins choquante dans la distribution des pensions de
retraite. Le budget était la proie des parasites; il fallait
en éloigner tous les cumuls, toutes les sinécures sans ou–
blier les innombrables scribes et autres employés fainéants
et avides qui l'obéraient, véritablefléaudu public et dés–
honneur de l'administration.
Pour l'augmentation des revenus du fisc, la science in–
ventive des économistes officiels ne découvrait pas d'autre
expédient qu'une élévation de la dîme de 10 à 15 0/0.
C'était vouloir tarir la principale source de la richesse na–
tionale en accablant les populations rurales qui pliaient
déjà sousle faix.
Quant à dégager l'agriculture, l'industrie et le commerce
des entraves qui en comprimaient l'essor et décourageaient
toute initiative, quant à^changerTassiette, le mode de per–
ception, la gestion des contributions générales, les minis–
tres dirigeants, s'ils en avaient la pensée, reculaient de–
vant une tâche ingrate que l'esprit de routine aurait
fatalement stérilisée et la routine signifiait aussi bien le
pillage ordinaire des'deniers publics que le désordre à
l'état d'habitude.
Nous touchons ici la plaie vive qui mine l'organisme
ottoman et que la réforme n'a pas su guérir. Quelles en
sont les causes, la nature propre et se peut-il que le mal
ait des racines si profondes qu'il soit sans remède ?
La question veut être examinée de près et l'on peut,
Fonds A.R.A.M