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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
publics restaient en souffrance; les employés étaient à
peine payés et les caisses se trouvaient à sec. Tel fut bien–
tôt le désarroi de l'administration que les mandats du Tré–
sor arrivés à échéance ne purent être acquittés et qu'une
partie seulement de la dette extérieure fut pourvue.
Ce non paiement de mandats était un fait d'une gravité
exceptionnelle, car s'il était un service pour la régularité,
duquel des efforts et des sacrifices dussent être faits, c'était
bien celui du crédit local qui pouvait du moins parer aux
exigences les plus impérieuses.
Que devait-il arriver? Les sorties du Trésor ne pouvant
être productives, puisqu'elles servaient presque exclusive–
ment à combler les déficits, sans que les recettes suivissent
une progression parallèle, c'était la banqueroute inévitable
et à bref délai.
Cette perspective de plus en plus certaine troublait sin–
gulièrement les hommes bien intentionnés auxquels incom–
bait la responsabilité du gouvernement. Que faire pour
prévenir la catastrophe ? L'on songea naturellement à res–
treindre les dépenses, puis à augmenter les ressources
budgétaires ; mais dans cette étude des voies et moyens
propres à relever la fortune publique, l'essentiel fut négli–
gé, c'est-à-dire la réforme radicale du système des finances
et des impôts.
Au nombre des mesures assurément opportunes, mais
insuffisantes qui dans les prévisions étroites de la Porte
devaient alléger le fardeau de l'État, le Divan proposait en
première ligne la diminution temporaire de l'effectif de
l'armée et de la marine et la réduction définitive des gros
appointements civils et militaires. L'on insistait particu–
lièrement sur cette dernière économie comme étant d'une
Fonds A.R.A.M