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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
grie et les travaux commencèrent sur plusieurs points à la
fois, notamment à Dedeagatch sur la mer Egée, à Cons-
tantinople, à Salonique et à Novi, c'est-à-dire aux parties
excentriques du réseau projeté (1).
Le gouvernement turc en décrétant l'entreprise considé–
rable qui devait établir un contact réel et incessant entre
ses provinces européennes et le monde occidental, s'illu–
sionnait sans doute sur la portée de sa résolution. Ne pré–
parait-il pas par ses chemins de fer l'envahissement de la
civilisation dont l'empire s'arrêtait à ses portes?
Fuad-pacha se plaisait à dire « que les capitaux engagés
dans l'affaire appelleraient l'attention des pays qui les au–
raient fournis et que par suite, la politique de conservation
qui avait prévalu en 1856, de théorique qu'elle était
restée dans une certaine mesure, deviendrait plus positive
et plus efficace. » Il ajoutait même dans ses entretiens par–
ticuliers avec les chefs des missions étrangères, qu'en mul–
tipliant les moyens de circulation par terre et par eau, l'on
arriverait plus vite à la fusion des intérêts et par consé–
quent à celle des races, qu'en promulguant des lois pré–
maturées et irritantes.
Ces vues n'étaient-elles point d'un esprit quelque peu
spéculatif et le patriotisme qui était en tout son guide, ne
voilait-il pas au ministre une partie de la vérité? La ques–
tion d'Orient aurait-elle existé sans l'isolement séculaire
d'un peuple qui a vécu en Europe comme certaines tribus
(1)
Pour faire face aux frais de construction, la Porte émit en 1870
un emprunt, dit « des lots turcs », devant représenter la subvention
consentie par elle à raison de 22,000 fr. de rente annuelle par kilo–
mètre et correspondant à peu près, sur la base du taux usuel des
emprunts ottomans (11 0/0), à la somme de 150 à 200,000 fr. par
kilomètre exécuté.
Fonds A.R.A.M