LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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confinées dans les montagnes asiatiques ? N'était-il pas à
présumer que par des communications journalières et dé–
sormais ininterrompues, la Turquie inondée aussi bien des
produits de l'industrie que des idées de l'Occident, subirait
à la longue une transformation qui en ferait un pays de
conquête? En d'autres termes, les musulmans n'étaient-ils
pas directement menacés dans leur suprématie et dans leurs
possessions traditionnelles par un rapprochement matériel
qui ouvrirait leur territoire au commerce universel, en y
développant les colonies étrangères? La locomotive lancée
de Vienne ou de Pest ne serait-elle pas pour eux comme
le cheval de Troie portant dans ses flancs la destruction et
la mort?
C'était bien la pensée de certains voisins de la Porte qui
s'étaient inscrits depuis longtemps parmi les futurs co-par-
tageanls de l'empire d'Osman : « Les chemins de fer vain-
«
cront la Turquie, me disait en 18G9 l'un des membres
«
de la régence de Servie préposé au département de la
«
guerre ; ils feront plus pour la solution du problème
«
oriental que les canons rayés. »
Le
Tanzimât
lui-même n'était-il pas déjà une conquête
morale de l'Europe?
Fonds A.R.A.M