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L A T U R Q U I E E T L E T A N ' Z I M A T .
serait pas seulement pour la Turquie d'une importance po–
litique de premier ordre en accroissant ses forces défen–
sives et en égalisant ainsi les chances respectives de l'enva–
hisseur et de l'État menacé; elle devait donner aussi satis–
faction aux intérêts économiques d'une contrée que sa
condition de viabilité maintenait slationnaire et qui était
appelée par sa situation géographique à devenir l'intermé–
diaire du grand transit indo-européen.
Il y avait toutefois à réfléchir avant de se résoudre à une
pareille entreprise. Si par un événement quelconque elle
était interrompue en cours d'exécution, c'est-à-dire dans la
période improductive, l'Etat se trouverait condamné à
payer sans recevoir et, déjà épuisé financièrement, il suc–
comberait en entraînant dans son désastre les marchés
étrangers qui l'auraient assisté de leurs fonds et de leur
crédit. Les chemins de fer pouvaient essentiellement con–
tribuer au relèvement de l'empire, comme ils pouvaient
achever sa perte.
Le Divan envisagea le dilemme et, sur l'avis prépondé–
rant de l'état-major impérial, il prononça
YAllah-Kerim
qui
signifiait sans doute : « l'Europe nous protégera. »
Le réseau balcanique devait comprendre, indépendam–
ment des lignes déjà existantes de Roustchouck à Varna et
de Tchernavoda à Kustendjé, deux grandes lignes conver–
gentes partant de Constantinople et de Salonique et deux
voies secondaires, l'une d'Andrinople à Enos, et l'autre de
Tirnova à Yamboli. Cet ensemble représentait un dévelop–
pement total d'environ 2.000 kilomètres.
Mais l'œuvre résolue en principe offrait des difficultés
particulières eu égard à l'inexpérience et surtout aux la–
cunes de l'administration ottomane. Celle-ci était absolu-
Fonds A.R.A.M