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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
sance de la répression, comme par les attaques audacieuses
du plus faible, Grecs et Turcs avaient donné à l'Europe le
spectacle d'une lutte qui rappelait par maints côtés l'apo–
logue du moucheron insaisissable et du lion épuisé.
Armée et flotte impériales offraient cependant un effectif
et un matériel redoutables et sans cesse renouvelés ; il
était donc clair que l'appareil manquait d'une direction
intelligente, c'est-à-dire que suivant l'observation faite
pendant la guerre de Grimée (1), l'instruction des officiers
de terre et de mer était absolument insuffisante (2).
Le seraskier Ruchdi-pacha était le seul à croire que l'ar–
mée ottomane valut toutes les armées européennes et il
défendait le
statu quo
en flattant les vieux aussi bien que
les jeunes Turcs par son obstination patriotique.
Les représentations de ses collègues l'amenèrent pour
un temps à composition ; il consentit à la formation d'un
comité spécial de réforme scolaire, ainsi qu'à la nomination
de nouveaux directeurs à l'école militaire et à l'école na–
vale. Le férik Galib-pacha, élève distingué du prytanée
de Vienne, fut préposé à la première et le capitaine de
vaisseau anglais Hobbart prit possession de l'établissement
de Chalki.
Le
comité des écoles
composé de six officiers ottomans
de trois officiers étrangers, élabora un règlement complet
qui coupait court à tous les non-sens, aux erreurs des mé–
thodes consacrées par la routine et surtout aux malversa–
tions des chefs chargés de l'entretien du soldat. Il faut
(1)
I, 116 à 121.
(2)
L'on avait constaté, pendant le soulèvement crétois, ce fait in–
vraisemblable que le commandant d'un navire turc n'avait pas pu
trouver Port-Saïd et qu'un autre avait vainement cherché Jaffa.
Fonds A.R.A.M