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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
Le Sultan éprouva une grande joie de cet élan populaire
dont aucune classe de ses sujets ne s'était isolée et auquel
s'étaient môme associés plusieurs gouvernements étran–
gers (1).. Il considérait le conseil d'État comme son œuvre
personnelle et tenait à ce que toutes les provinces y fussent
représentées. «Je compte, disait-il, faire appel à toutes les
capacités, comme à toutes les nationalités; syriens, bul–
gares, bosniaques, etc., seront ici comme en un centre
commun et deviendront les auxiliaires de mes ministres. »
Ce concert d'expansions faisait sourire les sceptiques et
l'on assure qu'un ambassadeur, on devine lequel, ne se
gêna pas de dire au grand-vizir : « On commence par
l'approbation, on finit par le blâme. » Et, en effet, la
composition du
Chottra-i-devlet
donna bientôt lieu à de
vives critiques. Ce n'est pas que l'on eût négligé le concours
des non-musulmans ; loin de là ; le tiers environ des sièges
avait été réservé aux ràias. Mais les éléments dispa–
rates que l'on avait ainsi rapprochés sans trop de discerne–
ment, se conciliaient à peine; le nullité de quelques con–
seillers, l'inexpérience du plus grand nombre étaient
manifestes. L'on dut donc éliminer les incapacités et re–
connaître que pour les premiers temps du moins l'adjonc–
tion de quelques spécialistes européens était indispensable.
Dans celte période de tâtonnements et au milieu de
difficultés d'organisation qui étaient dans la nature des
œuvres si dignes de louanges, a vraiment surpassé dans ses vertus
et ses perfections tous ses prédécesseurs. Ses décrets amèneront, avec
le secours de Dieu, le bien-être et le bonheur de l'empire d'Osman.
Qu'il daigne agréer l'hommage de notre fidélité et de notre grati–
tude. »
(1)
Dépêche de Lord Stanley du 18 mai 1868.
Fonds A.R.A.M