L A T U R Q U I E E T L E T A N Z I M A T .
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qu'Abdul-Aziz parlait sous l'impression qu'il avait rap–
portée de son récent voyage en France, car jamais un sou–
verain ottoman n'avait avoué avec autant de franchise que
lorsque les lois ne se transforment pas, elles paralysent
l'état social et que l'infériorité de la Turquie devait s'ex–
pliquer par l'insuffisance de ses anciennes institutions.
Imiter les puissances européennes dans tout ce qui fait la
grandeur de leur civilisation, tel était le but qu'assignait
à son gouvernement le successeur de celui auquel le prince
de Metternich avait dit : « Restez turcs, ne prenez point
pour modèles les Etats dont la législation fondamentale est
en opposition avec les mœurs de l'Orient. »
Une vive satisfaction se manifesta au sein des différentes
communautés non musulmanes et l'on vit les patriarches
grec, arménien-grégorien, arménien-catholique, le grand
rabbin se rendre successivement au palais de Beylerbey pour
remercier le Sultan d'avoir ainsi affirmé les principes de
tolérance et d'égalité en appelant toutes les races à la fusion
par le partage fraternel des droits et des devoirs civiques.
Dans les provinces, l'acte le plus éclatant du libéralisme
impérial fut salué avec enthousiasme. Des ovations accom–
pagnèrent partout le départ pour Constantinople des con–
seillers chrétiens (1).
Le haut commerce de Péra prit part à ces démonstrations
et les ulémas eux-mêmes cédèrent à l'entraînement de la
reconnaissance publique. Le Scheik-Ul-Islam adressa à Sa
Majesté un discours dans lequel il proclamait Abdul-Aziz
le plus grand souverain de l'empire d'Osman (2).
(1)
Un journal de l'époque rend compte des fêtes données au dé–
légué bulgare Stoianovitch.
(2)
«
Notre Padischah aux actes de
farouq,
notre
Chahincha
aux
Fonds A.R.A.M