20
LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
abord on avait recalé devant la nécessité de livrer le bud-
get au conseil d'État; la forme adoptée est une transaction.
Quoi qu'il en soit, par la nature de ses fonctions, par le
caractère mixte de son recrutement le
Choura-i-devlet
pou–
vait être considéré comme un parlement à l'état rudimen-
taire, comme un timide essai de représentation nationale. Et
tel fut en effet le sentiment public, lorsqu'au jour de l'ouver–
ture solennelle qui en fut faite à la Sublime Porte (10 mai
1868),
l'on entendit le Sultan prononcer ces fermes paroles :
Toute loi emprunte au bien public son autorité...
Il ne nous est certes pas possible d'utiliser aux temps où
nous vivons tout ce qui a été fait à des époques anté–
rieures en vue de l'intérêt du pays. En effet, si les prin–
cipes reconnus et les lois établies à ces époques avaient
répondu aux besoins de nos peuples, nous aurions dû
nous trouver au même rang que les États les plus civilisés
et les mieux administrés de l'Europe... »
«
L'organisation nouvelle a pour base la séparation du
pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, religieux et ci–
vil... Que les membres du conseil ne voient dans l'em–
pire qu'un corps formé par l'union de tous avec mission
d'assurer la prospérité générale et les progrès de l'ins–
truction publique, objet de mes désirs... »
«
Quel que soit le culte qu'ils professent, tous mes sujets
sont enfants d'une même patrie ; la différence de religion
ne doit point les diviser. Chacun suit librement ses
croyances... J'accomplis un devoir en indiquant le droit
de chacun, ainsi que les principes qui me dirigent et qui
sont conformes aux exigences modernes. »
Ce langage causa une profonde sensation. L'on comprit
Fonds A.R.A.M