CHAPITRE III.
C r é a t i o n d ' u n c o n s e i l d ' É t a t e t d ' u n e
h a u t e C o u r d e
j u s t i c e .
L'institution du lycée de Galata-Seraï caractérisait net–
tement l'esprit du nouveau système d'instruction publique
inauguré sous les auspices du gouvernement français.
L'enseignement de l'État se substituait à celui de la mos–
quée ; la science était séparée de la religion nationale, c'est-
à-dire émancipée d'une routine étroite d'autant plus per–
nicieuse qu'elle avait joui de tout temps de la sécurité et
des droits exclusifs d'un privilège.
Dans un ordre d'idées analogue, le Divan dut songer à
réaliser un autre départ que les changements apportés an–
térieurement dans le statut provincial rendaient d'ailleurs
indispensable ; il jugea le moment venu d'assurer par deux
dispositions complémentaires l'indépendance de la justice
vis-à-vis de l'administration et d'adopter ainsi, autant que
le comportaient les mœurs du pays, l'organisation gou–
vernementale qui dans les sociétés modernes représente la
première garantie de la liberté politique.
Tel fut le but de la création du conseil d'État et de la
haute Cour de justice.
A la suite du Hatti-Chérif de Gulkhané de 1839, l'on
avait institué un conseif des réformes, une sorte de con–
sulte d'État chargée d'élaborer les lois prévues par le grand
acte de l'initiative impériale. Cette assemblée délibérante,
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Fonds A.R.A.M