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G
LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
régime de l'égalité la plus absolue (1). Les exigences des
différents cultes, celles surtout du culte mahométan qui
prescrivait les longs jeûnes à des époques variant chaque
année, les habitudes de l'éducation domestique, la multi–
plicité des langues, les préjugés nationaux et maintes au–
tres divergences locales comme, par exemple, celle que
présentait la supputation du temps, toutes ces difficultés
prévues et non prévues qui semblaient exclusives de toute
règle commune, avaient été surmontées et cette expérience
aussi nouvelle que curieuse s'était accomplie dans un
milieu hostile et par des mains étrangères. Elle donnait
un démenti inattendu à l'opinion assurément sincère des
consuls britanniques qui, lors de l'enquête générale
ordonnée en 1860 par sir H. Bulwer, avaient cru pouvoir
affirmer qu'il était impossible d'établir en Turquie des
écoles mixtes à cause de l'aversion mutuelle des races et
de celle qu'entretenaient entre elles les diverses commu–
nautés chrétiennes (2).
Les plus incrédules durent se rendre à l'évidence ; le
fait était palpable et l'on pouvait se demander si l'on n'a–
vait pas sous les yeux le vivant spécimen de ce que l'Em–
pire serait un jour, lorsque plusieurs générations ainsi
formées auraient participé au gouvernement.
Je montrerai plus tard que cette perspective s'assombrit
sous l'influence des événements qui surprirent l'Europe
en 1870.
(1)
Plusieurs jeunes Turcs suivaient les cours avec des esclaves de
leur âge entretenus par eux, s'asseyaient aux mêmes bancs, portaient
le même costume.
Voir M. de Salves dans l'article précité.
(2)
I, 172.
Fonds A.R.A.M