LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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embarras à l'ambassade impériale et il est vraisemblable que
d'activés représentations furent faites à ce sujet à la cour
du Souverain Pontife. Rome, paraît-il, se laissa rassurer
sur les dangers que courait la foi et revint de la méfiance
qui lui faisait repousser une administration de son culte en
pays musulman. La défense papale fut levée et les latins
ne tardèrent pas à concourir dans une notable proportion
au recrutement du lycée.
Pour ce qui est des musulmans, l'on peut dire qu'ils
étaient peu favorables à une institution qui portait publi–
quement une marque étrangère tout en dérogeant à l'usage
depuis longtemps consacré de la gratuité de l'enseignement
dans les écoles gouvernementales. Un premier sous-direc–
teur turc, nommé par Iradô impérial, fut empêché en
vertu d'un ordre ministériel, d'entrer en fonction.
Cependant Galata-Seraï voyait s'augmenter ses recrues
et en moins de deux ans, son succès était assuré. En dé–
cembre 1869, il ne comptait pas moins de 622 élèves,
chiffre qui eut été certainement plus considérable, si les
aménagements du bâtiment scolaire l'avaient permis (1).
La condition du nombre se trouvait largement remplie;
celle de l'instruction n'était pas moins satisfaisante et l'on
pouvait entrevoir le moment où l'école impériale, pourvue
d'un programme moins élastique, serait en pleine possession
d'un enseignement secondaire
supérieur,
complet et définitif.
La plus entière harmonie n'avait d'ailleurs cessé de
régner entre les jeunes gens de race, de religion et de
conditions diverses qu'une même discipline plaçait sous le
(1)
Sur «es 622 élèves il y avait 277 musulmans, 91 arméniens
grégoriens, 28 arméniens catholiques, 85 grecs, 65 catholiques latins*
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israélites, 40 bulgares, 7 protestants;
Fonds A.R.A.M