LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
musulmans. On n'arrive à le posséder complètement et à
l'écrire qu'après de longues années de pratique (1).
La langue instrument devait être celle des professeurs,
à moins que l'on ne se servît pour l'échange quotidien des
idées entre maîtres et disciples de l'entremise difficile d'in–
terprètes comme à l'école militaire.
L'on convint d'ailleurs que la moitié des élèves serait
de religion musulmane.
Le lycée fut ouvert le 1
e r
septembre 1868 au milieu de
l'incrédulité ou plutôt de l'indifférence qui s'attache à ce
qui ne paraît pas viable. Mais bientôt par un revirement
singulier, des clameurs s'élevèrent dans les camps les plus
opposés, n'épargnant l'institution nouvelle ni dans son
principe, ni dans son organisation (2).
L'ambassadeur de Russie montra toute l'humeur que
lui causait la collaboration ostensible de son collègue de
France et il ne se fit pas faute d'encourager l'abstention
des Grecs qui se plaignaient de la part trop restreinte faite
à l'étude de leur langue. Fuad-pacha disait à ce propos :
«
Si j'avais pu craindre de m'être égaré, l'hostilité russe
m'indiquerait que je suis dans la bonne voie. »
De leur côté les israëlites se refusèrent pour la plupart
à confier leurs enfants à une maison musulmane dirigée
par des chrétiens. Et ceux d'entre eux qui ne retinrent
pas leurs préjugés, exigèrent du moins que le régime ali–
mentaire respectât les prescriptions du rite hébraïque.
(1)
Les lettres turques ne reproduisent que les consonnes. Ainsi,
par exemple,
kl
peut dire
kul
(
cendre),
gui (rose), kel
(
teigneux),
gui
(
impératif de rire),
guet
(
viens),
gueul
(
étang).
(2)
Consulter sur l'établissement de Galata-Seraï le remarquable
article publié par
M.
de Salves dans la
Revue des Deux-Mondes
du
15
octobre 1874.
Fonds A.R.A.M