M TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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étaient censés compléter à l'étranger l'instruction reçue
dans les écoles spéciales du pays, mais qui en réalité
commençaient leur éducation à l'âge où elle doit finir.
Ce n'était certes point dans les
Médressès
que le musul–
man pouvait acquérir les connaissances propres à l'élever
au niveau de la civilisation européenne. L'étroite scolasti-
que qui y régnait depuis des siècles et dont le Coran consti–
tuait tout le fond, était absolument étrangère aux besoins
des sociétés modernes. Et quant aux autres écoles, l'ensei–
gnement
secondaire
n'y avait point do place, c'est-à-dire
qu'à part les
Idadiyès,
annexes très insuffisantes des écoles
professionnelles, il n'existait point d'établissements inter–
médiaires qui préparassent les élèves des cours élémen–
taires aux études supérieures, de telle sorte qu'en général
le personnel des
Médressès
et des instituts spéciaux se
composait de sujets plus ou moins ignorants dont on ne pou–
vait guère réussir à former des hommes capables et des
fonctionnaires éclairés et compétents.
Cette discontinuité dans le système de l'instruction pu–
blique paraissait d'autant plus anormal qu'elle n'existait
pas au sein des communautés chrétiennes et juives, sur–
tout à Constantinople, contraste fâcheux pour la race con–
quérante dont il établissait l'infériorité vis-à-vis des races
assujéties.
L'imprévoyance de l'éducation musulmane se révélait
d'ailleurs à bien d'autres égards. D'ordinaire l'école con–
fond les jeunes gens d'origine et même de religion diffé–
rentes et crée entre eux des liens durables d'union et de
fraternité. A l'époque qui nous occupe, les écoles turques
n'étaient point fréquentées par les raïas qui avaient et
qui ont du reste gardé leur enseignement propre avec
Fonds A.R.A.M