CHAPITRE II.
O r g a n i s a t i o n d e l ' I n s t r u c t i o n p u b l i q u e . — L e l y c é e
d e
G a l a t a - S e r a ï .
La réforme de l'enseignement public en Turquie n'avait
pas de plus redoutables adversaires que les savants ou les
lettrés formant la caste sacerdotale. Ceux-ci étaient restés
pendant des siècles les seuls dispensateurs de l'instruction
nationale et il était naturel qu'ils défendissent un privilège
sur lequel reposait en grande partie leur puissance dans
l'Etat.
En 1845 Abdul Medjid avait tenté de soustraire du
moins les écoles primaires à l'influence jalouse de l'Ulema
et un comité spécial avait été chargé de préparer les voies
et moyens de cette sécularisation partielle (1). En lisant la
circulaire ministérielle relative à cet objet (2) c'est à peine
si l'on découvre la pensée souveraine dont elle devait s'ins–
pirer, tant il paraissait périlleux de porter la main sur les
prérogatives incontestées des docteurs de la loi. Les me–
sures prises à cette époque se ressentirent de la timidité
gouvernementale et laissèrent à peu près intact, surtout
dans les provinces, un régime qui par son esprit exclusif
et par ses
lacunes
ne pouvait jamais offrir les éléments
d'une véritable émancipation scientifique.
L'enseignement, dépendance directe de l'institution ecclé-
(1)
I, 75-77.
(2)
Circulaire du 6 mars 1840.
Fonds A.R.A.M