LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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Il demandait que la Bulgarie se rattachât intimement au
gouvernement turc par l'union personnelle ; le Sultan au–
rait été roi des Bulgares ; il aurait délégué ses pouvoirs à
un gouverneur général ou vice-roi chrétien, chef effectif
de l'administration et de l'armée indigènes et magistrat
suprême élu par une assemblée nationale. Ce vice-roi
aurait géré le pays avec le concours d'un conseil perma–
nent institué par l'assemblée nationale. « Les glorieux
maîtres de l'Empire connaissent la fidélité des Bulgares,
proclamaient en 1867 les auteurs anonymes de cette cons–
titution. Nous-mêmes qui parlons aujourd'hui, nous enten–
dons respecter cette tradition de nos ancêtres. Toutefois
nos souffrances sont devenues intolérables et elles exigent
un prompt remède
Si notre souverain se refusait à
tenir compte de notre malheureux état et de nos aspira–
tions légitimes, nous jetterions, comme par le passé, les
yeux sur ceux de nos coreligionnaires dont nous pour–
rions attendre sympathie et secours efficaces et nous salue–
rions comme libérateur tout étranger conquérant de notre
pays. Comment inspirer au peuple bulgare le désir de dé–
fendre l'Empire comme son propre territoire? C'est eh lui
accordant des droits qui l'attacheraient à l'Empire comme
à sa propre patrie. Six millions de Bulgares associés aux
fils des Osmanlis ne seraient pas à dédaigner. Ils verraient
dans celui qui attenterait à leur autonomie un ambitieux
dont il faudrait combattre énergiquement les tendances
envahissantes. »
C'est la Russie, on ne saurait s'y tromper, qui était si–
gnalée par les Bulgares eux-mêmes
comme l'ennemie
éventuelle de la libre Bulgarie et comme l'appui naturel
de la Bulgarie opprimée.
Fonds A.R.A.M