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L.V TURQUIE ET UE TANZIMAT.
après les douze années de luttes qui leur avaient valu
l'autonomie religieuse, c'est-à-dire la restauration de leur
antique église autocéphale d'Okrida et de Tirnovo? N'était-
il pas permis de prévoir que cette* première délivrance
serait pour eux un acheminement vers l'indépendance
nationale qui n'avait pas d'ennemi plus acharné que le
clergé phanariote ? Au moyen-âge la constitution politique
des empires éphémères de Bulgarie et de Servie avait pré–
cédé leur émancipation religieuse comme celle de la Bussie
et du royaume hellénique. C'était de toute évidence une
évolution contraire qu'annonçait la création de l'Exarchat
érigé en 1870. L'affranchissement religieux du principal
groupe slave de la Turquie devait préparer son affranchis–
sement politique et, désormais posée devant l'Europe, la
question bulgare
se dégageait comme un rejeton de la tige
déjà puissante qui avait donné naissance à la Grèce et à
la Servie modernes.
Aussi bien les Bulgares par plus d'un côté pouvaient se
croire non moins aptes que les Serbes au
selfgovernment;
ils avaient môme sur ceux-ci une incontestable supériorité,
celle de la patience et du travail. Cette patience si caracté–
ristique avait porté les plus résolus d'entre eux, ceux qui
poursuivaient l'idée d'une séparation politique en même
temps que le triomphe de l'autonemie cléricale, à des mé–
nagements qui pouvaient faire illusion à la Porte au milieu
de ses complications intérieures. Le jeune parti bulgare
qui, antérieurement à 1870, avait pour organes des comi–
tés secrets établis en Roumanie, loin de viser à l'indépen–
dance absolue vis-à-vis du pouvoir ottoman, n'allait même
pas jusqu'à réclamer des immunités aussi étendues que
celles dont jouissaient alors les principautés danubiennes.
Fonds A.R.A.M