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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
Ces témoignages, si intéressés qu'on les juge, ont leur
prix à la veille de la guerre qui va changer la condition
politique des Slaves orientaux. Et comme il s'agit ici d'une
étude préliminaire destinée à expliquer un fait historique
considérable, il n'est pas inutile d'exposer, ne serait-ce que
par une courte mention, les vues particulières du gouver–
nement étranger que ce fait a mis en scène et qui l'a
préparé.
Le cabinet de Saint-Pétersbourg caressait l'idée d'un
État bulgare bien avant qu'elle ne se fut pour ainsi dire
incorporée dans le « comité central bulgare » siégeant à
Bukarest. L'empereur Nicolas y avait fait allusion dans
ses entretiens confidentiels avec l'ambassadeur britanni–
que en 1854; il se considérait
comme le protecteur néces–
saire de la nouvelle principauté,
c'est-à-dire qu'il enten–
dait y exercer une autorité analogue à celle que le règle–
ment organique de 1831 lui avait reconnue dans les
provinces moldo-valaques.
Or ce précédent roumain qui remonte à plus d'un demi
siècle, nous verrons la Russie l'invoquer pour sa justifi–
cation dans le cours des événements qui vont se dévelop–
per sous nos yeux (1).
(1)
P'ro memoriâ
russe du 9 avril 1878.
Fonds A.R.A.M