L A T U R Q U I E E T L E T A N Z I M A T .
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le but. Les hommes d'État qui constituaient alors le fonds
disponible, défilèrent successivement à la Porte comme les
personnages de quelque drame fantastique et les chefs-
lieux de province et le palais même furent gratifiés de ce
spectacle que l'on put comparer à une danse de Saint-
Guy (1).
L'extravagance d'Abdul Aziz, touchait à la folie; l'on
parlait vaguement d'une régence. La presse russe qui
suivait avec attention les écarts du gouvernement turc
comme ceux d'un vaisseau en dérive, répétait à l'unisson
que la Turquie allait périr et la question d'Orient sem–
blait devoir renaître dans les conseils des puissances occi–
dentales absorbées jusqu'alors par leurs propres soucis.
Le
Tanzimâl,
on le conçoit sans peine, ne pouvait qu'être
rélégué à l'arrière plan au milieu de cette confusion des
hommes et des choses qui n'étaient, en somme, que l'effet
direct d'un despotisme sans frein et sans boussole.
En parcourant les notes recueillies dans le cours des
années 1873 et 1874, je ne découvre guères que deux faits
saillants qui intéressent cette histoire.
Si l'esprit n'était point aux réformes, si la vie semblait
comme suspendue dans l'organisme gouvernemental, l'ap–
pareil bureaucratique n'en fonctionnait pas moins sous
une impulsion donnée, fournissant une certaine somme de
travail utile et relativement méritoire.
C'est à cette activité en quelque sorte latente que la
Turquie doit son premier Code civil.
J'ai dit à propos de l'institution de la haute Cour de
(1)
L'on calcula à cette époque qu'en moyenne chaque province
avait changé trois fois de gouverneur depuis la mort d'Ali-pacha.
Fonds A.R.A.M