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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
devait le ramener à Constantinople, Mahmoud essaya vai–
nement de le faire retenir à Angora. Midhat sollicita et
obtint une audience du souverain et peu après il fut nommé
grand-vizir. C'était un coup de théâtre , une évolution
brusque dont le sens n'échappait à personne ; la réforme
avait eu souvent de pareilles alternatives. Pour l'heure, elle
semblait triompher et, phénomène bienfait pour surprendre
si l'on se reporte à quelques mois en arrière, des manifes–
tations publiques célébrèrent la victoire du délaissé qui
représentait le
Tanzimât.
Il y eut, surtout dans la popula–
tion non-musulmane, comme un déchaînement de sympa–
thies pour celui qui allait rendre la Turquie moderne à ses
affinités naturelles en revivifiant son union avec les puis–
sances qui avaient plus particulièrement coopéré à sa régé–
nération intérieure. L'on aurait dit que l'Empire, un mo–
ment dévoyé par les défaites françaises, retrouvait sa route
et recherchait la main déjà plus ferme qui l'y avait long–
temps menée.
Ce n'était hélas! qu'une illusion et la Roche Tarpéienne
devait bientôt s'offrir à celui qui venait de monter au
Capitule. Trois semaines après sa réintégration, Midhat-
pacha, dont la popularité s'était vite obscurcie, était pré–
cipité du siège viziriel et faisait place à un ministre tran–
sitoire qui devait sans doute préparer le retour de son
adversaire.
Mahmoud-pacha cependant ne profita point d'une dé–
chéance que l'on attribuait à tort ou à raison à l'action
combinée de la Russie et de l'Allemagne. Midhat-pacha
lui-même reprit quelque faveur et fut appelé à la justice.
D'autres changements suivirent cette apparente réparation
sans qu'il fut possible d'en démêler nettement la portée et
Fonds A.R.A.M