CHAPITRE XI.
Suite d e s c hap i t r e s VIII, IX et X. — L.a Ru s s i e e t
l'Angleterre e t l a politique au t onomi s t e de l a
Po r t e . — Unité i s l ami qu e .
Les dispositions respectives des grandes puissances favo–
risaient la politique d'unification dont le gouvernement
turc s'était fait un système à partir du jour où une guerre
étrangère l'avait débarrassé de ceux qu'il qualifiait de con–
seillers officieux et de dominateurs déguisés.
La Russie, au moment où elle brisait les barrières élevées
contre elle sur ses frontières maritimes, avait dit en propres
termes à la Porte : « Si je reprends ma liberté d'action,
je vous rends aussi la plénitude de vos droits. » Mais en
délivrant ce
liceat
à un adversaire qu'il remettait ainsi à
la portée de ses coups et tout en affectant à son égard la
plus entière bienveillance (1), le cabinet de Saint-Péters–
bourg par l'effet d'un entraînement en quelque sorte irré–
sistible renouait en Orient lefilde ses traditions. Depuis
le traité de Paris, il avait enregistré comme des précédents
dont il se prévaudrait un jour, les démentis que s'étaient
donnés les gouvernements occidentaux en intervenant, soit
ensemble, soit individuellement dans les affaires intérieures
de la Turquie.
La garantie collective
imaginée au congrès
de 1856 restait à ses yeux une invention anti-russe qui
(1)
En septembre 1870, le prince Gortcliakof faisait dire au comte de
Beust que jamais les relations entre la Russie et la Turquie n'avaient
été meilleures.
Fonds A.R.A.M