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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
de rappeler qu'à la nouvelle de la mort de Condé, il dit :
«
Je suis privé des conseils du plus grand homme de mon
royaume. » Abdul-Aziz, lui, éprouva comme un senti–
ment de délivrance en apprenant lafindu ministre dont
le crédit lui pesait et qu'il devait subir. Il ne songea qu'à
la satisfaction de faire sa volonté sans contrôle. Dans un
rescrit adressé à Mahmoud-pacha, le nouveau grand-vizir,
il s'appliqua à démontrer qu'en modifiant les institutions
ottomanes on devait tenir compte des coutumes et des. tra–
ditions nationales. Cette idée, juste en elle-même, pouvait
être interprétée comme un symptôme de réaction, surtout
eu égard à la mention du
Chéri,
c'est-à-dire de la loi reli–
gieuse dont le calife-roi recommandait la stricte observa–
tion.
Mahmoud-pacha, il est vrai, avait déclaré vouloir conti–
nuer la politique libérale d'Ali-pacha ; mais il n'avait pas
tardé à se défaire de quelques-uns des anciens amis de son
prédécesseur en s'adjoignant des noms qui n'étaient pas
faits pour rassurer les chrétiens. L'administration nouvelle
fut hostile aux étrangers et continua le travail d'élimina–
tion par lequel le pouvoir musulman entendait reconquérir
son indépendance intérieure.
Fonds A.R.A.M