L A T U R Q U I E E T L E T A N Z I M A T .
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trouble se produisit dans la marche des affaires. Les com–
pétiteurs eurent le champ libre et la crise du pouvoir fut
ouverte.
Quoique ne sachant trop ce qui se passait en dehors de
son palais où il était occupé de ses distractions puériles,
de ses animaux favoris et de ses plaisirs, le Sultan restait
toujours le maître dans le choix des personnes et l'on se
demandait ce que son caprice ou celui de ses complaisants
allait décider. Les circonstances extérieures ne faisaient
qu'ajouter aux incertitudes du moment. L'entrevue de Gas-
tein donnait lieu aux plus sombres conjectures. Le rappro–
chement des empereurs Guillaume et François-Joseph
aurait-il pour effet une nouvelle extension de l'idée ger–
manique? Avait-il été préparé en vue d'un conflit possible
entre l'Allemagne et la Russie? Dans les deux cas, ce serait
en Orient, sur le Danube et aux dépens de l'empire otto–
man que l'Autriche-Hongrie chercherait ses compensa–
tions.
A l'appui de cette conclusion pessimiste, l'on signalait la
propagande que le cabinet de Vienne faisait en Bosnie.
Ses efforts, il est vrai, n'étaient pas couronnés de succès;
après avoir fait dans cette région, suivant l'expression du
comte de Beust, l'office de gendarme turc, elle s'était aliéné
les populations chrétiennes sans s'être concilié les musul–
mans. Mais du moins l'on pouvait croire, d'après plusieurs
incidents significatifs, à des convoitises qui menaçaient de
ce côté l'intégrité territoriale des États du Sultan.
Ce fut au milieu de ces graves conjonctures que s'éteignit
Ali-pacha. A l'occasion de la mort de Fuad-pacha, j'ai
prononcé le nom de Louis XIV; si le grand roi eut pour
Racine de cruelles rigueurs, il n'est pas hors de propos
Fonds A.R.A.M