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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
les Turcs auraient-ils réussi à raviver leurs droits ou du
moins à raffermir leur autorité sur les races soumises que
l'on jugeait encore incapables de se gouverner elle-mêmes,
et peut-on croire que dans la suite des temps une union
durable se serait accomplie entre maîtres et sujets, entre
musulmans et chrétiens, sous la loi souveraine de l'égalité
civile et politique ?... Tel était assurément le but élevé
que s'était -proposé le gouvernement français et si chimé–
rique qu'il ait pu paraître à bien des esprits, c'est un hon–
neur pour lui, l'ayant cru possible, de l'avoir recherché et
de s'être avancé de quelques étapes dans la voie qui de–
vait y conduire (1).
Une seconde épreuve était réservée au
Tanzimât.
Deux
hommes d'élite s'étaient voués en Turquie à la cause du
progrès, et durant leur longue carrière, on les avait toujours
trouvés en communauté d'esprit et de cœur comme des
adeptes d'une même doctrine et comme des amis. Fuad-
pacha avait disparu de la scène politique.; Ali-pacha allait
bientôt le suivre dans la tombe et même hélas ! dans l'oubli.
Quelques changements avaient eu lieu dans la composi–
tion du ministère
homogène
dont la formation, on s'en sou–
vient, avait été le résultat d'une sorte d'ultimatum posé au
Sultan par Fuad-pacha. Après la mort de son collègue, Ali-
pacha avait fait successivement écarter ceux de ses colla–
borateurs qui ne se pliaient pas assez docilement à ses vo–
lontés, pour les remplacer par des créatures et tout con–
centrer entre ses mains. Aussi quand, vers le milieu de
l'année 1871, la maladie le força à la retraite, un grand
(1)
Qu'il nous soit permis d'associer ici dans le même hommage
les noms de MM. de Moustier, V. Duruy, Bourée et de Salves, les
Véritables fondateurs du lycée de Galata-Séraï.
Fonds A.R.A.M