LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
109
trateurs ou les militaires ottomans formés au dehors eussent
une action appréciable dans les divers centres de leur mis–
sion professionnelle? Disséminés à toutes les extrémités
d'un vaste empire, ils étaient comme perdus et étouffés
par la routine et l'on n'a pas oublié ce que rapportait le
général Williams des jeunes gens instruits que l'on avait
adjoints à l'armée d'Asie en 1854 (1).
Ainsi se trouva compromise dans la période de son dé–
veloppement normal, et alors qu'il était permis de considé–
rer son influence sur l'état social de la Turquie comme une
question de temps, la création la plus prévoyante et cer–
tainement la plus désintéressée de l'intervention occiden–
tale.
«
Pour se maintenir à la tête du pays, disait sir H.
«
Buhver dans une note restée célèbre, les Turcs doivent
«
faire preuve des qualités qui justifient le commandement
«
et ne point s'endormir dans leur possession actuelle (2). »
L'institution du lycée-type de Galata Seraï et de ses suc–
cursales avait été inspirée par cette pensée de conservation
dans le progrès. En propageant l'instruction dans la classe
mahométane, l'école métropolitaine avec ses. colonies pro–
vinciales devait tendre à atténuer, sinon à effacer, une iné–
galité de plus en plus choquante et périlleuse, celle qui,
maintenant dans ses conséquences premières le régime de
la conquête, consacrait la subordination de peuples mora–
lement émancipés et plus perfectibles à une autocratie
ignorante et despotique.
En se prêtant avec persévérance à cette transformation,
(1)
I, 121.
(2)
I, 107.
Fonds A.R.A.M