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L A T U R Q U I E E T L E T A N Z I M A T .
tion générale qui assiégeait de toutes parts les positions
françaises en Orient. Elle finit par se mettre, comme les
autres, en curée, et même, à un certain moment, il sembla
qu'elle cherchât à se faire pardonner sa précédente inti–
mité avec le cabinet des Tuileries. Au fond, comme le di–
sait le général de Guilleminot en 1827, les Turcs n'estiment
guère que ceux qui ont les moyens de leur nuire.
La mission française préposée à l'instruction de l'armée
ottomane depuis 1850 fut éloignée; l'on supprima le fran–
çais comme langue usuelle à l'école de médecine et dans
quelques autres instituts de Constantinople. Le lycée de
Galata Serai n'échappa point non plus aux atteintes d'une
administration délivrée désormais de trop longs scrupules ;
son directeur français eut à essuyer des avanies qui le dé–
cidèrent à se retirer. On le remplaça par un directeur grec
sous la gestion duquel l'école, déjà réduite depuis la guerre
de 1871 à 471 élèves, en perdit 109.
Plus tard on transféra l'établissement à Gulkhané, près
de Stamboul, pour le séparer sans doute du milieu chré–
tien qui l'avait vu naître et effacer jusqu'au souvenir du
gouvernement ami sous les auspices duqueljjil avait pros–
péré. Il resta et se"maintint toutefois à l'état d'exception,
tout en continuant, quoique dans une moindre mesure, à
produire ses fruits, c'est-à-dire que l'on s'abstint de fonder
en province les nombreuses succursales qui dans les vues
françaises en étaient le complément nécessaire. La réforme
projetée ne pouvait être efficace que par sa généralité et
l'élément nouveau, s'il n'était représenté par un grand
nombre de sujets, risquait suivant une comparaison orien–
tale, de s'évanouir comme une goutte d'encre dans un vase
disproportionné. S'était-on jamais aperçu que les adminis-
Fonds A.R.A.M