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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
Fazil-pacha qui s'était montré le plus ardent dans les atta–
ques dirigées contre le droit capitulaire, dut se convaincre
que cette campagne était aussi intempestive qu'inutile. Car
il eut à entendre cette déclaration identique, sinon collec–
tive, des principaux cabinets : « Réformez-vous d'abord et
donnez aux résidents étrangers les garanties qu'ils trouvent
en tout pays civilisé et l'on renoncera aux privilèges sécu–
laires que justifient encore votre législation et votre état
social. »
Le gouvernement turc eut plus de succès, pouvant
d'ailleurs invoquer des titres plus légitimes, dans la ques–
tion importante et déjà ancienne des «dénationalisations ».
On n'a pas oublié qu'en 1841 et quelques années plus
tard, en 1860, le Divan s'était vu dans la nécessité de se
précautionner contre la pratique des protections consu–
laires, c'est-à-dire contre les dénationalisitions frauduleuses
qui s'opéraient parmi les chrétiens ottomans (1). L'abus
n'en avait pas moins continué et les raias grecs, contre
lesquels il s'agissait surtout de sévir, s'étaient même en–
hardis au point de rechercher à Athènes, où des agences
en faisaient un vrai commerce, les litres dont ils s'auto–
risaient pour résider dans l'Empire comme sujets hellènes
jouissant des immunités capitulaires. L'on avait pu cons–
tater qu'en Turquie sur 300,000 individus se disant hel–
lènes, 150,000 étaient notoirement nés sur le sol ottoman
de parents ottomans et qu'à Constantinople seul, il y avait
21,000
hellènes dont l'origine ottomane pouvait être faci–
lement établie par la police locale.
L'on s'explique ainsi comment la population du royaume
(1)
I, 64-65.
Fonds A.R.A.M