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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
d'Occident avec la Porte, ne pouvaient avoir de sens ou du
moins ne présentaient pas le même caractère de nécessité
dans les provinces où le Turc était resté plutôt campé qu'il
ne s'était établi et dont les lois, toutes imparfaites qu'elles
fussent encore, étaient basées sur le droit romain, comme
celles de la plupart de ces États (1). Le gouvernement du
Sultan s'émut de ces démarches non sans reconnaître les
raisons particulières qui pouvaient amener les puissances
à favoriser les principautés
chrétiennes
relevant de sa
suzeraineté. Il n'eut pas toutefois la même condescendance
lorsqu'il fut question de modifier le régime capitulaire en
Egypte, c'est-à-dire dans un pays musulman régi par les
lois de l'Empire. En 1869, le Divan protesta contre tout
changement qui serait apporté dans la province africaine
sans sa participation, tout en suggérant l'idée d'une en–
tente qui aurait pour objet une révision générale du sys–
tème en vigueur depuis Suleyman le Magnifique.
La réaction intérieure qui suivit les événements de 1870
s'empara de cette question avec une ardeur nouvelle et
les journaux officieux de Constantinople furent chargés de
préparer l'opinion publique à une émancipation radicale
et définitive. « Les capitulations, fut-il écrit, ont été ac–
cordées par Suleyman à l'apogée de la puissance turque.
Loin d'offrir le caractère de concessions arrachées à la fai–
blesse du Sultan, elles sont et restent un don purement
gracieux que le gouvernement ottoman est en droit de
reprendre et qu'il reprendra, si les bénéficiaires ne renon–
cent pas spontanément à leur situation privilégiée. »
(1)
La Turquie et les Principautés Danubiennes
sous le régime des
Capitulations,
par Ed. Engelhardt. Paris, Cotillon, 1879.
Fonds A.R.A.M