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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
un droit qu'il comptait invoquer lui-même comme précé–
dent au profit de son fils aîné (1).
En 1869, Ismaïl-pacha, que la générosité de son maître
avait ainsi grandi,fitune tournée en Europe et reçut par–
tout les honneurs d'un souveraiu. Très froissée de cet
apparat, la Porte crut devoir rappeler à ses agents diplo–
matiques à l'étranger la véritable portée des privilèges qui
reposaient sur la tête du fastueux voyageur. Que signifiait,
selon son interprétation, le seul acte constitutif de l'Egypte,
c'est-à-dire le firman de 1841? 11 accordait le gouverne–
ment héréditaire à la famille de Méhémet Ali avec certaines
immunités administratives; mais en tous autres points, il
assimilait le chef de ce gouvernement aux pachas des pro–
vinces ottomanes tout en énonçant d'une manière très
explicite qu'en cas d'infraction aux clauses restrictives du
firman, le bénéficiaire serait implicitement déchu.
Ainsi dans la hiérarchie turque la position faite au pacha
d'Egypte différait à peine de celle des autres vizirs de l'Em–
pire ; celui-ci conservait simplement avec quelques addi–
tions la totalité des prérogatives dont jouissaient autrefois
les hauts dignitaires provinciaux, prérogatives abolies sous
le règne de Mahmoud par Reschid-pacha (2). Si le Sultan
avait modifié plus tard l'ordre successoral en Egypte, s'il
avait élargi à cette occasion les pouvoirs du khédive en
l'autorisant à édicter lui-même des lois d'administration
intérieure et à conclure des arrangements avec les États
étrangers sur les affaires de douane, de police, de transit
(1)
L'un assure qu'à cette époque Abdul Aziz avait rencontré par
hasard dans son harem la fille du vice-roi, qu'il en était devenu éper.
dûment épris et qu'il songea même à l'épouser.
(2)
I,
30.
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