CHAPITRE XV.
Tentatives de réaction.— Retraite et réintégration de
Reschid-pacha. — Sa seconde collaboration avec
Riza-pacha.—Contre-coup de l a Révolution de 1848
en Turquie.
Des événements auxquels il semblait que la Turquie dût
rester absolument étrangère, vinrent troubler la Porte dans
le
statu quo
moral à l'abri duquel elle travaillait à sa régé–
nération intérieure. Le gouvernement réformiste d'Abdul-
Medjid comptait surtout, et à juste titre, sur l'appui de la
France et de l'Angleterre, car la Russie lui était devenue
hostile, et quant à l'Autriche, j'ai dit quelle était l'influence
des étranges conseils dont l'agent du prince de Metternich
s'était fait l'organe auprès du jeune Padischah.
Or la France et l'Angleterre s'étaient trouvées divisées
dans une grave question de politique continentale, celle des
mariages espagnols, et l'on devait craindre que leur en–
tente ne fût rompue dans les affaires d'Orient.
Reschid-Pacha fut de prime abord très ému d'un inci–
dent qui pouvait ébranler son crédit personnel et le livrer
à des adversaires secrets qui n'avaient point désarmé.
La suppression de la République de Cracovie ne fit
qu'augmenter ses perplexités ; la Porte vivait en quelque
sorte du droit public européen et dans la rude atteinte que
l'acte violent de l'Autriche venait de lui porter en pleine
paix, elle se sentait blessée au cœur. Elle voyait déjà sa
propre indépendance servir d'enjeu aux combinaisons fu–
tures de la diplomatie.
Fonds A.R.A.M