LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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il était plus explicite en tant que confirmation de la charte
de 1839. Dans le cours d'un voyage que fit Abdul-Medjid au
printemps de l'année 1846, le minisire dit en son nom aux
représentants des communautés non musulmanes convo–
quées à Andrinople :
«
Sa Majesté l'Empereur, de même qu'Elle veut le bon–
heur de ses sujets musulmans, veut aussi que les chrétiens
et les juifs qui sont également ses sujets, jouissent de repos
et de protection.
La différence de religion el de secte ne
concerne qu'eux; elle ne nuit pas à leurs droits
et comme
nous sommes tous sujets d'un même gouvernement et con–
citoyens nés dans un même Empire, i l ne convient pas que
nous nous voyions d'un mauvais œil. Notre souverain ré–
pand également ses bienfaits sur toutes les classes de ses
sujets et i l faut qu'elles vivent en bonne harmonie entre
elles et travaillent de concert à la prospérité nationale. »
Ce langage, comme celui tenu par Riza-pacha dans les
mêmes circonstances, était irréprochable ; mais i l n'y avait
pas à se dissimuler qu'il remuait, plutôt qu'il ne satisfaisait
les espérances de ceux auxquels l'égalité était promise
sans jamais devenir une vérité. Dans le camp turc, ces
belles assurances maintes fois renouvelées étaient considé–
rées comme des concessions apparentes faites à l'Europe ;
on n'y voyait pas le témoignage de la volonté ferme du
souverain. Cette appréciation très répandue à Constanti-
nople et qui était de nature à paralyser le gouvernement
dans ses moindres entreprises, n'avait pas alors de fonde–
ment sérieux. Reschid-pacha était aussi sincère dans ses
vues libérales qu'Abdul-Medjid lui-même et bien des es–
prits durent revenir de leurs préventions, quand on vit le
Sultan, d'accord avec son ministre, remettre à Riza-pacha
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Fonds A.R.A.M