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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
tude d'un jeune souverain déjà plus mûr à la vie politique ;
l'on fut surpris d'une intervention personnelle qui laissait
d'ailleurs bien des doutes dans les esprits. Les uns suppo–
sèrent qu'elle avait pour but d'affermir les ministres et
particulièrement Riza-pacha, l'auteur de la récente loi sur
l'armée; les autres lui attribuèrent un sens tout opposé et
crurent pouvoir prédire la chute prochaine du grand ma–
réchal du palais.
La première version l'emporta et l'on parla bientôt d'une
combinaison qui réunirait dans le même conseil Riza-pacha
et le promoteur de la Charte de
Gulkhané.
En attendant la collaboration des deux hommes considérés
alors comme les plus aptes à régénérer l'Empire, le Divan
songea à réaliser les pensées généreuses du sultan. I l décréta
que des députés musulmans et rayas seraient mandés de
chaque chef-lieu à Constantinople pour donner leur avis sur
l'état des provinces et sur les changements qu'il comportait.
L'idée d'une consultation populaire était inattendue et
plus d'un critique la jugea périlleuse; elle témoignait sans
contredit du bon vouloir du gouvernement.
La convocation des délégués provinciaux n'eut point
toutefois l'effet désiré. Lorsqu'ils furent assemblés dans la
capitale, on leur remit un papier qui leur expliquait le
motif de l'appel du souverain. Ils s'en trouvèrent, paraît-
il, fort embarrassés, craignant de se compromettre vis-à-
vis de ceux dont ils étaient censés les mandataires. En
somme ils dirent peu de chose.
L'on suppléa plus tard à l'insuffisance de cette enquête
partielle par une enquête générale confiée à dix commis–
saires, dont cinq pour l'Asie et à cinq pour l'Europe.
Et afin de répondre aux préoccupations d'Abdui-Medjid
Fonds A.R.A.M