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LA TURQUIE
ET
LE
TANZIMAT.
Napoléon I
e r
: «
la plus grande partie des sujets du Sultan
sont grecs et les Grecs sont russes (1). »
Pour m'en tenir aux incidents qui intéressent cette his–
toire, je dois mentionner ici une mesure d'ordre adminis–
tratif dont les luttes druso-maronites furent l'occasion
depuis tongtemps recherchée.
La nationalité en Turquie n'est point pour la majorité des
sujets du Sultan ce qu'elle est ailleurs, un bénéfice dont la
perte équivaut en quelque sorte à une pénalité; elle est
plutôt pour le raya un fléau dont i l est heureux de se déli–
vrer, quand il le peut sans dangerpour lui et pour les siens.
Or il était notoire que certains consuls lui offraient à cet
égard des facilités abusives, qu'il trouvait même chez
eux des encouragements, une véritable prime à la déser–
tion.
Suivant les données officielles de l'époque, c'était sur–
tout la Russie qui tendait à franchir le cercle déjà mena–
çant de son protectorat religieux en dénationalisant à petit
bruit nombre de chrétiens de la capitale et de plusieurs
provinces. Ces empiétements étaient devenus tellement
abusifs, qu'en 1841 l'on avait vu un sujet raya soutenant
comme tel un procès devant un tribunal turc, reparaître,
après la remise de l'affaire, comme sujet russe assisté d'un
drogman de l'ambassade impériale. Un voyage de dix
jours à Odessa et un passeport russe avaient suffi pour
opérer cette métamorphose.
(1)
Un Berat de Mahomet II reconnaissait le patriarche Gennadios
comme chef civil de la communauté ou « nation grecque » (roum
milleti) laquelle comprenait tous les orthodoxes,, c'est-à-dire, non
seulement les Grecs de race, mais encore les Serbes, les Bulgares,
les Albanais.
Fonds A.R.A.M