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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
qu'en Orient plus qu'ailleurs le catholicisme avait une su–
périorité incontestable sur le protestantisme, le premier *
parlant à la fois aux yeux et aux cœurs, tandis que l'autre
ne s'adresse qu'à la froide raison.
A Rome, toutefois, l'on ne put se défendre de quelque
appréhension et de fréquentes correspondances s'échan–
gèrent entre le Saint-Siège et le supérieur des Lazaristes
établis à Constantinople. Celui-ci partageant la sécurité de
ses coreligionnaires, s'appliqua à démontrer à la Cour papale,
comme l'avaient fait déjà les archevêques de Petra et de
Smyrne, qu'un évêchô protestant placé au berceau même
de la religion chrétienne, en face d'une église puissante et
respectée, aussi profondément entrée dans les mœurs que
dans les convictions, serait une création sèche, sans ra–
cines, sans fruits, et que du contraste des deux spectacles
se dégagerait une force nouvelle pour le catholicisme orien–
tal.
A Vienne comme à Paris, l'on ne se paya point de mots
et de fleurs de rhétorique; les efforts de l'Angleterre
furent pris au sérieux, et sans s'en exagérer le danger,
l'on considéra avec attention le but politique qu'ils déno–
taient.
Au milieu de cette quiétude apparente et de ces inquié–
tudes secrètes, le
Foreign Office
agissait; la Porte se relâ–
chait de ses premières rigueurs, et un évêque anglican
muni d'un simple firman de voyageur, se dirigeait desrives
de la Tamise vers les rives du Jourdain. Au printemps de
l'année 4842, il inaugurait une chapelle protestante à Jéru–
salem.
Bientôt le nouveau culte se consolida; des clergymen
américains s'adjoignireut aux missionnaires anglais et aile-
Fonds A.R.A.M