LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
61
rôle décisif dans la négociation de ces deux affaires.
L'Angleterre n'avait pas assisté sans en prendre quel–
que ombrage à des compromis qui révélaient toute l'im–
portance politique du protectorat religieux et lui sem–
blaient porter atteinte à son influence légitime dans l'Empire
ottoman.
Elle conçut le projet de se ménager à elle aussi un pro–
tectorat spécial, et comme la matière lui faisait défaut, elle
entreprit d'en créer une en suscitant en Orient une
nation
protestante.
Secondé par le cabinet de Merlin, le
Foreiyn Office
com–
mença par demander à la Porte l'autorisation d'élever un
temple à Jérusalem. C'était en 1840.
Le Divan comprenant toute la portée d'une pareille con–
cession, s'y refusa, et même pour préserver l'Empire des
dangers d'un nouveau prosélytisme, i l prit occasion des
démarches britanniques pour rappeler aux divers pa–
triarches, c'est-à-dire aux puissances intéressées, la loi
ottomane qui défendait aux chrétiens de passer d'une reli–
gion dans une autre. I l ne se doutait pas que l'Islamisme
put devenir un jour l'objectif du zèle protestant.
L'initiative de l'Angleterre ne causa de prime abord au–
cune émotion parmi les catholiques orientaux. En général,
l'on paraissait convaincu de l'impuissance d'une église
protestante en tant qu'instrument de conversion dans
le sein de la chrétienté asiatique. On alla même jusqu'à se
féliciter d'une tentative qui ne ferait que resserrer l'union
catholique, en confondant dans une pensée plus intime
toutes ces variétés de langues, de mœurs, de races qui la
diversiiient, et à en juger par certaines notes émanées des
archevêchés de Smyrne et de Petra, l'on se rassura à l'idée
Fonds A.R.A.M