60
LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
L'impôt, source de maints abus, dût être prélevé dans
une proportion correspondant à la valeur des propriétés, et
les possesseurs de fiefs, les
Mokaladjis,
eurent à l'acquitter
comme les paysans. C'était atteindre la féodalité locale par
un coup que les Émirs chrétiens, aux temps du pouvoir
unique, n'auraient ni osé, ni voulu lui porter, intéressés
qu'ils étaient eux-mêmes à l'exploitation des terres en
compte à demi avec les plus puissants de leurs vassaux.
L'on créa dans les districts mixtes trois instances pour
les plaintes des habitants, celle des Vekils (1) et des Moka-
tadjis, celle des Caimakams en appel et enfin, comme der–
nier recours, le tribunal du gouverneur. L'autorité turque
ne dut ainsi prononcer qu'après l'épuisement de deux i n –
stances secondaires.
Il y avait dans ce nouveau système une pensée de con–
ciliation qui, on l'espérait du moins, serait féconde et dé–
sarmerait les rivalités. La majorité qui était chrétienne,
reprenait sa prépondérance légitime et les illusions fon–
dées sur la constitution d'une nationalité druse semblaient
devoir s'évanouir.
§ 3.
LES PROTESTANTS E T L E UR S P R EM I E R S
ÉTABLISSEMENTS
E N
T U R Q U I E .
Les troubles de la montagne de Syrie et la scission qui
s'était produite parmi les sectes asiatiques, intéressaient
plus particulièrement les deux grandes puissances du ca–
tholicisme, la France et l'Autriche, qui avaient exercé un
(1)
Chefs locaux.
Fonds A.R.A.M