LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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pour la réintégration do la famille Cheab qui avait été pré–
posée à l'administration locale pendant plus d'un siècle et
demi. L'on parvint enfin à s'entendre en 1842 sur la com–
binaison de deux Caimakams indigènes choisis, l'un parmi
les Maronites, l'autre parmi les Druses à l'exclusion des
membres de la famille Cheab.
Cette solution, qui avait quelque peu coûté à l'amour-
propre de la Porte, ne mit pas toutefois un terme aux con–
flits, et en 1845 le Sultan donna l'ordre de placer les deux
chefs maronite "et druse sous la dépendance directe du pacha
de Saïda.
La guerre civile fut de nouveau déchaînée. Les Druses,
tantôt seuls, tantôt secondés par les Turcs, se livrèrent à
d'épouvantables atrocités contre les chrétiens et le Muchir
de Saïda les laissa faire. Vainement la Porte chercha à
excuser l'apathie de son agent, l'expliquant par son impuis–
sance. Les faits parlaient d'eux-mêmes et l'accusaient haute–
ment. L'on put se convaincre dans cette circonstance que
les principes libéraux du Hatti-Chérif de 1839 restaient
encore, aux yeux des fonctionnaires provinciaux, de vaines
formules et que le Divan lui-même ne s'était point encore
complètement affranchi des habitudes de la vieille politique
à l'égard des chrétiens.
. . .
J'anticipe sur les événements pour rendre compte en peu
de mots de l'accord qui suivit la seconde pacification des
tribus de la Montagne.
L'on institua en 1846 un conseil mixte, à la fois admi–
nistratif et judiciaire, siégeant auprès de chacun des deux
Caimakams et offrant par sa composition de sérieuses ga–
ranties aux races et aux sectes diverses représentées dans
le pays.
Fonds A.R.A.M