56
LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
nîr un ordre viziriel qui les autorisait à se faire inscrire
à la chancellerie des rayas latins, c'est-à-dire, à décliner
la juridiction du nouveau patriarche arménien. Leur
démarche ne répondait à aucun besoin sérieux, mais elle
ouvrait la brèche.
A
peu près à la même époque, le patriarche maronite en–
voyait et faisait recevoir à Constantinople un agent spécial
chargé de traiter directement les intérêts de sa nation
auprès de la Porte.
Le patriarche arménien, après avoir vainement récla–
mé contre ces irrégularités, déclara en son nom, comme
au nom de ses primats, qu'il cesserait désormais de diriger
les affaires catholiques d'une rite différent du sien.
Le morcellement s'opérait et même les dissidents trou–
vaient des encouragements auprès de l'archevêque latin,
séduit sans doute par l'espoir de recueillir au profit du
St-Siège la part de pouvoir enlevée au partriarche armé–
nien.
.
La papauté poursuivait dans cette circontance un but
analogue à celui que s'était proposé la France en déta–
chant les catholiques d'Asie des deux communautés
schismatiques ; mais elle recherchait une solution plus
radicale en voulant soustraire à l'autorité des Arméniens
les autres groupes qu'elle associait dans sa pensée aux
latins ottomans qualifiés par elle de
Latins Rayassi
(1).
«
I l n'est pas juste, disait-elle, que les Latins rayas qui
(1)
La dénomination de
Latins Rayassi
avait été donnée aux habi–
tants de Syra, d'Andros et de Tino, quand ces îles furent cédées à
la Porte par les Vénitiens et cela, pour les distinguer des autres Grecs
catholiques rayas. Mais depuis que ces îles ont passé à la Grèce,
l'expression de
Latins Rayassi,
n'est plus usitée.
Fonds A.R.A.M