LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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nien schismatique, anomalie étrange qui avait été pour
eux la source de vexations opiniâtres et pour ainsi dire-
systématiques.
A différentes époques, on avait suscité contre eux de
véritables persécutions qui rappelaient par la cruauté des
bourreaux et par le courage des victimes les temps de
l'Eglise primitive. La plus terrible épreuve fut la dernière.
En 1828, à l'instigation des Grecs qui les accusaient de
trop vives sympathies pour la France, vingt mille Armé–
niens furent proscrits de Constantinople et durent en quel–
ques jours se rendre dans l'intérieur de l'Asie. Les pre–
miers parla naissance et la richesse furent mis à mort;
leurs biens furent confisqués.
Le gouvernement français, au nom de l'humanité et en
vertu de son ancien protectorat, protesta contre une pa–
reille violence et obtint, deux ans après cet exode, que
les Arméniens catholiques, réintégrés dans leur première
résidence, seraient complètement séparés des schismati-
ques au spirituel et au temporel et auraient leur chef par–
ticulier avec tous les privilèges dont jouissaient les autres
nations
de rayas. Les Maronites, les Chaldéens, les.
Melchites et les Syriens établis à Constantinople furent
adjoints à la nouvelle communauté.
L'unité de la famille catholique d'Orient tendait ainsi
à se constituer. Mais un péril la menaçait : l'esprit de
jalousie mutuelle des petites nationalités ainsi partielle–
ment confondues, leur désir d'indépendance les unes vis-
à-vis des autres.
Et effectivement, malgré les dispositions des Firmans
délivrés aux catholiques d'Asie en 1830 et en 1834, l'on
vit en 1840 quelques Alepins (Syriens et Melchites) obte-
Fonds A.R.A.M