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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
eux et leurs coreligionnaires du dehors, que les orthodoxes
se regardaient comme russes, les catholiques comme fran–
çais, les protestants comme anglais. •
Un rapide coup d'œil sur la situation intérieure des prin–
cipaux groupes chrétiens de l'Empire permettra de mieux
juger de ces dispositions dans cette phase particulière de
la réforme. Je restreindrai cette courte revue aux faits con–
temporains qui se rapportent plus ou moins directement au
Tanzimât.
§ 1
e r
.
LES A R M É N I E N S E T L E S CINQ NATIONS CATHOLIQUES D ' A S I E .
La grande communauté catholique d'Orient est bien loin
d'offrir la cohésion et l'uniformité relatives qui distinguent
la communauté grecque dite orthodoxe. Dans les provinces
européennes, les catholiques des îles, ceux de l'Albanie, les
Bosniaques, les Herzégoviniens, les Bulgares possèdent pour
la plupart une organisation propre qui établit entre eux de
notables différences. Plus nombreux en Asie, les sujets ot–
tomans professant le catholicisme, c'est-à-dire, les Armé–
niens, les Maronites, les Chaldéens, les Melchites et les Sy–
riens, observent, les premiers le rite oriental, les autres le
rite de l'église d'Occident, tout en restant plus ou moins
divisés par leur origine, leurs mœurs et leurs traditions.
Les rapports de ces cinq derniers groupes, soit entre
eux, soit avec les autres
nations,,
ont subi dans la suite
des siècles de nombreuses vicissitudes. Un caprice barbare
les avait placés sous la dépendance de leurs ennemis les
plus acharnés et jusqu'en 1830, ils étaient restés soumis,
les uns au patriarche grec, les autres au patriarche armé-
Fonds A.R.A.M