CHAPITRE X.
Condition des rayas.— § 1. L e s Armé n i e n s et les cinq
nations catholiques d'Asie. — $ 2 . L e s maronites et
l a question du Liban. — § 3 . L e s protestants et leurs
premiers é t a b l i s s eme n t s en Turquie.
—
S 4. L e s
Grecs orthodoxes et l a question des d é na t i ona l i s a –
tions.
Le Hatti Chérif de
Gulkhanè
avait émancipé les rayas de
leur condition servile ou plutôt il les avait autorisés à préten–
dre à cette émancipation sans leur en assurer la jouissance
effective. L'on ne pouvait s'attendre à une transformation
instantanée d'un régime qui avait ses racines dans la foi d'un
peuple fanatique et que le temps avait consacré. Mais s'il
était naturel que le maître conservât le sentiment intime de
sa supériorité et ne se résignât pas sous le coup d'une Charte
octroyée à l'abandon de ses anciens privilèges, i l n'était pas
moins naturel que ceux auxquels la liberté avait été promise,
aspirassent à la voir triompher et prétendissent en jouir.
Les rayas, sans trop réfléchir aux conséquences de l'éga–
lité, réclamaient partout où leur voix pouvait se faire en–
tendre, les bénéfices de leurs nouveaux droits, c'est-à-dire
un changement, et i l était visible que le
statu quo
attisait
leurs impatiences et leur haine. Un grand nombre d'entre
eux étaient travaillés du désir de se soustraire à l'autorité
ottomane et pour y parvenir, ils se rattachaient plus que
jamais à la communauté de croyances qui les unissaient aux
diverses puissances de la chrétienté. I l en était résulté, à
leur point de vue du moins, une solidarité si étroite entre
Fonds A.R.A.M