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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
communautés religieuses, les troupes de la garde et le
corps diplomatique auquel s'était adjoint l'un des fils du
roi des Français, le prince de Joinville. Là fut lu, sous le
kiosque de
Gul-Khanèh
dont i l garda le nom (1) le Hatti
Chérif qui constitue le premier programme de la réforme, la
première charte des libertés et des garanties octroyées aux
peuples ottomans.
L'acte de Gulkhané (2) tout en annonçant d'importantes
innovations, telles que l'adoption d'un système régulier
et uniforme d'impôts et la conscription militaire, ne chan–
geait en rien, i l est vrai, les limites et les attributions des
grands pouvoirs de l'État ; i l ne visait en réalité que l'ad–
ministration proprement dite ; mais dans ce cadre étroit i l
renfermait ^une pensée féconde en proclamant la nécessité
et en formulant en ces termes la promesse d'une améliora–
tion dans la condition civile des citoyens de l'Empire :
«
Les institutions nationales doivent désormais garantir à
nos sujets une parfaite sécurité quant à leur vie, leur
honneur et leur fortune. Ces concessions souveraines sont
acquises à tous, de quelque religion ou secte qu'ils puis–
sent être ; tous sont appelés à en jouir sans exception. »
Tel est le point capital du Hatti Chérif que plus d'un
vrai croyant a pu qualifier d'impie, car en attribuant aux
infidèles les mêmes droits qu'aux musulmans, i l énonce,
sans doute possible, une loi que Mahmoud n'avait pas osé
inscrire au frontispice de la Sublime Porte et qui était
contraire aux prescriptions les plus formelles du Coran.
La société turque, nul ne l'ignore, est essentiellement
(\)
Maison des roses.
(2)
Voir appendice I.
Fonds A.R.A.M