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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
attaqué sans prévoyance aux principales institutions du
pays, n'en respectant, pour ainsi dire, aucune, quelle que
fut son origine, quelque salutaire que put être encore son
influence et voyant dans toute force un danger personnel,
il substitua brutalement sa volonté à l'autorité des lois.
Dès lors, la Sublime Porte ou, si l'on veut, le Divan con–
sidéré comme grand conseil de l'Empire où les questions
importantes étaient débattues, d'où partaient les direcr
tions générales, qui recevait et jugeait les rapports de tous
les agents provinciaux, coordonnait et surveillait leurs dé–
marches, le Divan n'exista bientôt plus que de nom.
Chaque haut fonctionnaire dut rendre compte directe–
ment au Sultan des affaires de son ressort et en recevoir
ses ordres ou le plus souvent ceux des favoris du jour;
les ministres ne se concertèrent plus entre eux et échap–
pèrent ainsi à tout contrôle rationnel et réellement effi–
cace.
De là un arbitraire d'autant plus funeste que Mahmoud
n'avait ni la haute intelligence, ni surtout l'instruction
nécessaires pour remplacer ce qu'il avait détruit. Une
effroyable confusion fut la conséquence naturelle de ce sys–
tème d'aveugle despotisme et le génie incomplet qui l'a–
vait conçu, devait succomber au milieu des ruines.
Quoiqu'il n'ait apporté aucun changement durable
dans les mœurs et les idées traditionnelles de ses peuples,
l'on ne saurait toutefois contester à l'héritier des projets
de Selim I I I le mérite d'avoir inauguré la Réforme, d'en
avoir du moins posé, sinon fait accepter définitivement le
principe et il est vraisemblable que la génération actuelle
lui serait redevable de plus d'un progrès réalisé sous le
règne de son fils, si, mieux secondé dans ses conseils, il
Fonds A.R.A.M