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TURQUIE ET LE
TANZIMAT.
matique marquait les divsrses étapes de l'entreprise à
laquelle l'ancien Agha (1) entendait rattacher son nom.
Fidèle à son système qui consistait à ne rien brusquer,
le Sultan prit à tâche de diviser par la vénalité et de discré–
diter le corps des Ulémas considéré comme le principal
soutien des Janissaires. Les hauts grades de l'Odjak furent
confiés aux chefs les moins indociles ; on nomma les plus
remuants aux commandements extérieurs et l'on fit servir
aux fins secrètes du palais l'ordre même du
Tableau
qui
semblait une garantie contre ses choix arbitraires.
Cependant les intentions de Mahmoud n'étaient pas aussi
impénétrables que le supposaient les confidents intimes de
sa pensée ; elles ne se dérobaient point à cette portion des
Janissaires qui gardaient intact l'esprit de leur corps et
veillaient avec jalousie à ses intérêts. Mais ceux-Jà s'abusaient
sur leurs propres forces et comptaient sur la terreur qu'ils
inspiraient à la Porte. Habitués d'ailleurs à envisager chaque
tentative de la Cour contre leurs droits particuliers comme
un moyen assuré de se faire payer leur soumission au poids
de l'or, ils s'aveuglaient, ces clairvoyants, sur les ressources
que le Sultan préparait contre eux.
Quoi qu'il en soit, le calme qui semblait régner dans les
masses à la suite de l'ordonnance du 26 mai, avait enhardi
le gouvernement qui réprimait sans pitié les révoltes ou les
hésitations individuelles. Quelques frondeurs avaient payé
de leur tête leurs murmures ou leurs protestations.
Ces actes de rigueur provoquèrent dans la journée du 15
juin une sédition qui eut pour ses auteurs un dénouement
aussi fatal qu'inattendu. Proclamés déchus et définitive-
(1)
Hutsein-pacha, dit Agha-pacha, avait été chef des Janissaires.
Fonds A.R.A.M