LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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l'odieux
Nizam-Djehid
dont i l n'était, à vrai dire, que la
reproduction, l'Edit impérial rappelait avec complaisance
les règlements de Soliman le Magnifique et représentait la
création de l'armée mobile comme un retour à l'ancien
ordre de choses fondé par le grand conquérant. Il prescri–
vait d'ailleurs que l'instruction des recrues serait donnée,
non par des étrangers chrétiens, mais par des officiers
arabes auxquels les manœuvres européennes étaient déjà
devenues familières.
Grâce à ces précautions, le Hatti-Chérif ne rencontra
point tout d'abord d'opposition sérieuse parmi les Janis–
saires. Les Ulemas eux-mêmes l'accueillirent avec quelque
faveur, car on avait pris soin de leur ménager dans chaque
compagnie un Imanat (1) auquel serait adjoint plus tard
un Cadilik (2).
Ce plan était adroitement conçu ; i l n'entraînait ostensi–
blement aucun changement essentiel dans l'Odjak (3) des
Janissaires qu'il confirmait, au contraire, dans la jouis–
sance de ses privilèges utiles ; il donnait en même temps
satisfaction au sentiment national surexité par les audaces
helléniques et par les incessantes obsessions de l'interven–
tion étrangère.
Ce n'était toutefois qu'un premier coup porté à la tur–
bulente milice dont on voulait' briser le joug. « J'ai
«
mon kiosque, disait Hussein-pacha, l'exécuteur des vo-
«
lontés de Mahmoud. Maintenant i l me faut un yali (4),
«
et après je me construirai un palais. » Ce langage énig-
(1)
Aumônerie.
(2)
Tribunal.
(3)
Corps.
(
i)
Maison de plaisance.
Fonds A.R.A.M