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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
leurs anciens exploits. I l voulait régner en maître absolu,
tout en changeant une organisation militaire qui ne ré–
pondait plus aux exigences de l'armement et de la tactique
modernes.
Selim III, son oncle, avait longtemps poursuivi ce dou–
ble dessein ; i l s'était brisé contre la résistance de la re–
doutable milice et contre le fanatisme de sujets encore
esclaves des préjugés et de la tradition.
Mahmoud montra plus d'habileté, si non plus de persé–
vérance que Selim dans l'œuvre de délivrance qui devait
consolider le trône et reconstituer les forces de l'Islam.
Quel que fut son orgueil, i l n'ignorait pas la faiblesse de
ses moyens, les obstacles multiples qui devaient entraver
son initiative personnelle et nul ne se rendait mieux compte
que lui de l'épuisement de ses Etats. Objet de la haine pu–
blique par les rigueurs de son gouvernement, comme par
les projets subversifs qu'on lui attribuait, i l se sentait de
jour en jour plus menacé dans sa dignité souveraine par les
alternatives de la lutte qu'il soutenait depuis des années
contre une poignée de chrétiens rebelles.
Il usa de patience ; i l eut recours à la ruse et dissimula
ses premières réformes sous les apparences d'un inviolable
respect pour les institutions mahométanes.
Le 28 mai 1826, un Hatti-Chérif lu à la Porte en pré–
sence des pachas du Bosphore, des Ulemas et des chefs des
Janissaires ordonna la formation d'une troupe mobile qui
serait équipée et entretenue aux frais du trésor et se livre–
rait à des exercices réguliers. Le corps des Janissaires était
maintenu ; mais i l devait fournir au nouveau cadre 150
hommes par
Orta
ou cohorte séjournant dans la capitale.
Evitant toute mention de la loi militaire de Selim, de
Fonds A.R.A.M