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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
par sa faiblesse même, avouant qu'il ne serait pas obéi.
L'inertie (contraste bien frappant, si l'on se reporte à la
période antérieure à 1848) était devenue la condition en
quelque sorte normale du gouvernement qui, pour échap–
per à ses responsabilités journalières, semblait se réfugier
dans le fatalisme.
Quelques remèdes avaient cependant été tentés à cette
époque d'affaissement moral et de ruine matérielle. Reschid-
pacha avait parlé d'un emprunt ; mais, comme autrefois,
on lui avait objecté qu'il livrerait la Turquie à ses créan–
ciers du dehors, en l'exposant à des démonstrations analo–
gues à celle dont la Grèce venait de subir l'affront par
l'envoi d'une escadre britannique dans le portduPirée (1).
Tout le système financier de l'Empire reposait alors sur
la Banque de Constantinople fondée depuis peu d'années
et qui fonctionnait péniblement. Le crédit de cet établis–
sement était contesté, parce qu'il n'offrait que des garan–
ties illusoires. Il fallait le relever par des économies radi–
cales, par une exploitation plus judicieuse des richesses
naturelles du pays et surtout par une surveillance mieux
ordonnée des canaux divers qui conduisaient au trésor
les revenus provinciaux.
La Banque de Constantinople dut être remplacée par
une Banque nationale, dite ottomane, au capital de cent
millions de piastres et l'on prit enfin le parti d'introduire
dans l'administration la comptabilité européenne, en
admettant le concours direct d'étrangers compétents.
Le Sultan toutefois s'était alarmé de la détresse des
pqpulations et, impressionnable comme elles, il avait ré-
(1)
Affaire Paciflco.
Fonds A.R.A.M